dimanche 13 septembre 2009

Grippe H1N1 : les vrais maux qui nous menacent

Non, vous n'êtes pas sur TF1. Et pourtant, je vais moi aussi aborder, une N-ième fois, ce sujet de la pendémie de grippe A qui menace la population, mais pas que ! Un appel lancé le 8 septembre par Libération s'inquiète des dérives consécutives à la mise en place de certaines mesures sensées protéger les populations. Les personnalités de la société civile et politique qui signent cet appel rapellent ainsi que "c’est aussi la solidarité, l’aide, le souci de l’autre qui permettent d’éviter les emballements, les dérapages, les exclusions en tout genre".

On ne peut en vérité que constater la dichotomie entre l'armada mise en œuvre par le gouvernement pour prévoir les incidences malheureuses d'une épidémie de Grippe A en France, et de l'autre côté l'absence totale de débat avec les acteurs économiques et sociaux de ce pays qui seront les premiers exposés à la grippe, certes, mais tout autant aux mesures qui lui sont imposées et aux effets de la parano qui va, on le comprend aisément, gagner l'ensemble des citoyens.

On peut sans doute comprendre que notre gouvernement fait preuve de responsabilité et agit selon des principes élémentaires de précaution pour éviter de se retrouver en situation d'avoir laissé une catastrophe sanitaire se produire. Nous ne lui aurions pas pardonné. Mais en participant à créer ainsi un tel climat de peur autour d'une hypothèse de paralysie complète de la France, on peut craindre des contrecoups pires que le mal auquel on cherche à échapper.
Les risques courrus sont de voir "restreindre les libertés publiques, contourner ou annuler le droit social, réduire l’autonomie des individus dans une société ouverte" comme le dit Laurent Joffrin dans Libé.

Je crois que c'est fait : tous nos concitoyens sont maintenant sensibles à la question. Une partie d'entre eux est même convaincue maintenant que les pouvoirs publics en ont fait trop. La machine s'emballe. Les écoles fermées devaient être l'exception, or à peine à la mi-septembre, les annonces de fermeture se succèdent. Certains Maires prennent des arrêtés absurdes. Des affiches dans le métro nous incitent "à éviter les salles de spectacles"...
Le risque aujourd'hui est de voir se développer un phénomène réactif et sans doute tout aussi dangereux qui serait qu'une partie de la population, agacée par cette agitation excessive, choisisse volontairement une attitude laxiste voire provocatrice qui ne ferait que contrebalancer l'exagération probable en matière de prévention, mais qui aurait sans doute des effets malheureux.

Pendant ce temps, pour les professionnels du spectacle, la problématique est entière : comment souffler dans un saxo à travers un "bec de canard" ? Comment accueillir un spectacle en télétravail ? Doit-on créer un espace "tousseur" ou bien modifier les règlements intérieurs pour qu'ils indiquent qu'il est interdit d'éternuer sous peine d'être expulsé de la salle ?
Confrontés à des problèmes d'organisation prévisibles au moment du pic de l'épidémie, le secteur du spectacle devra en outre faire face à la perte de public que la crainte de contracter la maladie va provoquer. Comme si nous avions l'habitude, l'hiver, de moins sortir de peur d'attraper un rhume !
Devant ces menaces, le ministère a convié les représentants des professionnels et ses plus grandes institutions à une réunion d'information le 10 septembre rue de Valois. La fréquentation a montré combien le sujet fait recette. Mais la réunion aura surtout permis de montrer que dans son empressement à anticiper sur l'arrivée du vilain virus, le gouvernement ne s'est guère inquiété des conséquences pécuniaires de cette affaire.
Pas de réponse sur l'indemnisation du chômage partiel, pas de réponse sur la question des pertes d'exploitation dues à une fermeture imposée. Pas plus sur les possibilités de soutien financier d'urgence. Ah si, on nous a rappelé que la fourniture des masques FFP2 pour le personnel en contact avec le public est du ressort de l'employeur puisqu'il s'agit d'un Equipement de Protection Individuel. Ça tombe bien, la culture n'étant pas un secteur d'activité d'interêt vital, nous n'avons quasiment aucune chance d'obtenir une livraison avant plusieurs mois, ce qui au rythme ou va la contagion, risque de ne pas être d'une grande utilité. Et bien sûr, ce service étant livré aux lois de la concurrence (la fourniture de ces masques de protection ne relève pas d'un Service d'Intérêt Général), les prix s'envolent !
Déjà gravement touché par la crise économique et par la baisse des aides publiques, le secteur risque bien de passer un hiver bien difficile. Les victimes risquent aussi de se compter parmi les dizaines de milliers de petites et très petites structures qui créent, produisent et diffusent déjà bien difficilement des spectacles sur le territoire, et ne sont pas armées pour faire face à ces nouvelles difficultés. Comme en matière de médecine, ce sont les plus fragiles qui risquent un sort fatal.
C'est la culture et sa diversité qui risque fort de l'attraper, cette foutue grippe...

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