dimanche 14 février 2010

Suppression du Secrétariat d'Etat aux Sports

Non, ce n'est pas l'information passée inaperçue pour cause de week-end de la Saint Valentin passé à cocooner avec votre chéri(e). Mais c'est néanmoins le scénario imaginé par le journal l'Humanité dans un article daté du 3 février dernier, qui reprend une information du Syndicat National des Activités Physiques et Sportives[1]. Il évoque une mission occulte d'un émissaire de Matignon (membre de l’Inspection générale des affaires sociales) chargé de préparer le passage des 1600 fonctionnaires du corps des "professeurs de sport" du ministère vers les fédérations sportives. Ces fonctionnaires d'Etat sont en effet déjà mis à la disposition des fédérations pour participer à la mise en oeuvre des missions dont elles reçoivent délégation, comme la préparation des équipes de France, la protection de la santé par le sport, la prévention et la lutte contre le dopage, la professionnalisation et la formation des éducateurs sportifs etc...

La mise en oeuvre de la phase 2 de la RGPP amènerait l'Etat à transférer ces emplois (publics) directement aux fédérations, donc sous un statut privé, avec un transfert des ressources. Cette perspective est d'une très grande dangerosité quand on sait combien l'Etat est capable de renier ses engagements[2]. L'idée de déléguer aussi la certification et le contrôle des formations et diplômes professionnels du sport pourrait également être dans les tuyaux. Ajoutons à cela la disparition déjà effective des directions départementales et régionales de la Jeunesse et des Sports en tant que telles, la baisse des crédits de l'Etat pour le sport au profit du CNDS[3], la logique du moment à déléguer aux collectivités territoriales de plus en plus de prérogatives (surtout lorsqu'elles coûtent !) et on peut convenir que le maintient d'un sécratariat d'Etat aux sport n'aura plus guère d'utilité.

Il semblerait que personne ne se soit précipité pour démentir, et pas beaucoup plus pour commenter ou reprendre cette information[4]. Alors, info ou intox ?
C'est un peu comme pour l'organisation de grandes manifestations sportives. Dans la foulée de la claque Paris 2012, l'Etat remontait les bretelles aux fédérations pour qu'elles se mobilisent et démontrent la grandeur de la France et le savoir faire national en matière d'organisation de compétitions internationales... Et quelques temps plus tard, le ministère réduisait de manière drastique les crédits qu'il avait promis à quelques fédérations volontaires qui avaient cru aux promesses. On pourrait aussi parler des dispositions prévues pour préparer les sportifs de haut niveau afin de remporter plein de médailles aux JO. On voit le résultat aujourd'hui avec le transfert progressif de la charge des Pôles Espoirs aux seules fédérations qui n'auront alors pas d'autres choix que de se tourner vers les Conseils Régionaux, ou ne plus faire.
Bref, il me semble qu'une sorte de logique implacable est en marge... Et vous ?

PS : ha oui, j'oubliais les menaces liées à la réforme des collectivités et à la suppression de la clause générale de compétence, et les risques de voir les activités sportives exercées par les associations basculer dans le champs du "marché des services"...


[1] Voir le communiqué de presse du SNAPS du 1er février 2010
[2] On gardera en mémoire les promesses du candidat Sarkosy devant le CNOSF de porter le budget du sport à 3% du budget de l'Etat (il est aujourd'hui à 0,22% !)
[3] Centre National du Développement du Sport
[4] A part une reprise de l'information sur le site Acteurs du Sport

1 commentaire:

snp-js-cgt a dit…

Quelques précisions : la première diffusion de l'information vient du snp-js-cgt en date du 16 janvier 2010 dans sa lettre d'info n°13; d'autre part le communiqué de presse est signé des deux organisations référencées dans l'article de Stéphane Guerard du 3 février 2010 à savoir snaps-unsa et snp-js-cgt.
Merci.
Guy Coisy, sg du snp-js-cgt