jeudi 8 juillet 2010

La débacle de l'équipe de France est-elle celle du foot, voire de la nation ?

Premier thème d'actualité de l'été donc : l'extraordinaire prestation de notre équipe nationale de football en Afrique du Sud, et surtout son comportement surréaliste. Arrivant après la bagarre, tout a déjà été dis, et c'est donc une synthèse à laquelle je vais me livrer, à défaut de pouvoir mettre un point d'orgue :
1) Si la FFF avait fait un choix logique après la précédente débâcle de 2008, en virant Domenech, on n'en serait certainement pas là. Et si Domenech avait eu l'honnêteté intellectuelle de démissionner (je sais, on peut rêver !), cela aurait simplifié le choix pour la fédération.

2) L'équipe de France n'est pas constituée de grands joueurs de foot, mais de professionnels surpayés qui jouent dans des grandes équipes européennes. Prenez le classement des meilleurs joueurs du monde : pas de français dans le top 10 en 2009, et en 2008, seul Ribéry figurait alors dans le top 20. Au classement des joueurs les mieux payés de 2010, on trouve encore 2 Français : Henry (5e avec 17 millions d'euros tous revenus confondus[1]), remplaçant chez les bleus, et... Benzema (19e), non sélectionné.
3) Il n'y a aucun rapport entre le salaire des joueurs et leur comportement. Les équipes européennes qui réussissent (Pays-Bas, Espagne, Allemagne) et celles qui ont sombré au 1er tour (France, Italie, Angleterre) sont toutes composées de joueurs sur-payés. La différence s'est faite dans le management et la préparation, avec un zeste de chance par dessus.
4) Le foot n'est pas un sport comme les autres, c'est un buziness devenu complètement fou. Ça se traduit par des salaires indécents et des comportements déplacés : Henry qui se fait conduire à l'Elysée comme s'il s'agissait d'un chef d'État, le Président qui annule ses rendez-vous avec les syndicats pour recevoir un joueur qui n'a rien à dire, la ministre des sports qui tient des discours ridicules et qui s'ingère dans les affaires de la fédération... Et comble de tout, les commentateurs et les politiques qui réalisent d'insupportables amalgames : le foot, c'est la France, quand le foot va bien c'est la France qui réussit, le foot synonyme d'une France intégrée et multiraciale... Tiens, je ne sais pas si cela a un rapport, mais Marine Le Pen vient de grimper de 7 points dans les sondages. Je crois surtout qu'il faut maintenant que les français silencieux se réveillent pour clamer haut et fort : on s'en fout du foot ! En tout cas de ce foot là. Pensons aussi aux anonymes du dimanche qui se donnent pour que le foot soit, sur le terrain, un vrai facteur d'intégration sociale. Mais peut-il encore l'être ?


Après cet épisode cocasse et dont on se souviendra sans doute longtemps, il y a au moins un problème de réglé : plus besoin du bouclier social du Droit à l'Image Collectif, dont la remise en cause avait suscité l'émoi des clubs professionnels français, pour garder les meilleurs joueurs en France. D'abord, pas sûr qu'on veille les garder en France. Et puis après une telle démonstration sportive, on peut espérer que la cote des joueurs de notre équipe nationale va redescendre à des niveaux plus en phase avec nos "petits" clubs français ce qui leur permettra de recruter sans avoir à bénéficier de l'aide de l'État (et donc du contribuable) pour financer leur sécurité sociale, aux dépends des financements accordés au sport amateur.
C'était pour finir sur une note positive. Merci les bleus !

[1] Pour ceux qui ont du mal avec les zéros, ça fait 1300 fois le salaire d'un ouvrier payé au smic. Avec un mois de son salaire, Henry peut faire vivre, au smic, 32 personnes pendant une vie entière de travail (40 ans). 17 millions, c'est aussi à peu près le budget de fonctionnement d'une Ville de près de 15000 habitants comme Issoire par exemple, dans le Puy de Dôme. 
Pour tout savoir sur les salaires des footballeurs : http://www.tuxboard.com/les-joueurs-de-foot-les-plus-payes/

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